Les maisons et fermes sur la commune d'Erdeven
Dans les hameaux, les fermes sont organisées très souvent en alignements dont les faîtages forment une ligne continue. Sous le même toit, sont souvent groupés logis et étable au RDC et haut comble à surcroît servant de grenier. Les dépendances isolées (fournils, granges, charretteries) sont généralement placées au sud.L´habitat isolé est exceptionnel et se situe en limite de la dune (Mané-Raz, Kerguevin) ou le long des principales routes (Pen-er-Pont, Kerhat, Mein-Glaz), il s´agit alors de maisons de lande mais aussi de petites fermes. Cet habitat est généralement postérieur à 1850.Au bourg, à quelques exceptions rue de l´Océan et rue de la Fontaine, les façades respectent les alignements du 19e siècle.MATERIAUX ET MISE EN OEUVRELes matériaux du gros œuvre reflètent l´homogénéité du sous-sol formé de granulite. Toutes les fermes et maisons antérieures au 20e siècle sont construites avec ce granite, à l´exception de rares façades en pierre de taille de granite blond, rencontré par exemple sur l´ancienne métairie noble de Keroret (fig.3). Sur les façades des fermes et des maisons construites entre 1900 et 1930, on note l´utilisation d´un granite gris étranger à la région. Souvent lorsqu´il est traité en pierres de taille non polies autours des baies, il s´agit d´œuvres de l´entrepreneur Jamet de Plouharnel. Généralement les façades sont en moellons, et les entourages des baies y compris les jours de combles, les rampants des pignons et les souches de cheminées, en pierre de taille. Dans ce cas les façades sont enduites et chaulées. Quelques fermes remarquables conservent des façades en pierre de taille de moyen ou grand appareil (Keroret, Kegrosse, Kerdelam). D´autres présentent des façades de moellons bien équarris aux assises régulières (Kerouriec, Kerhillio, Keredo), dans ce cas les façades n´étaient pas enduites.Aujourd´hui, les toitures sont majoritairement en ardoise. Celle-ci a remplacé les couvertures en chaume, paille de seigle ou scirpes des marais, généralisées dans les fermes jusqu´au 19e siècle (fig.1, 13 et 15). A cet effet on notera les modifications de pente de toit accompagnées du rehaussement des surcroîts, liées au changement de couverture.Aujourd´hui une ancienne ferme est couverte en roseaux à Kergouët une seconde en paille de seigle, à Keroulard (fig.19).Quelques couvertures en tuiles mécaniques ont été observées sur des maisons et des fermes ainsi que leurs dépendances, datant de la première moitié du 20e siècle.STRUCTURE ET PLANSHormis les châteaux et manoirs traités en dossiers individuels, les logis se répartissent en trois types, selon le statut de l´habitant.1 - Le plus simple est le type côtier dit aussi maison de pêcheur. Il est fréquent à proximité d´Etel, seul port d´Erdeven à l´origine, détaché de la commune en 1851 : rue Croix-Izan (fig.12), hameau de Kerminihy ou habitat isolé dans la dune comme à Tehuen (fig.31).Ces modestes maisons de plan allongé sont à une ou deux pièces sous comble à très faible surcroît. Si elles possèdent une dépendance, celle-ci prend la forme d´un appentis adossé en pignon.2 - Les fermes, qui se répartissent en plusieurs types :- De plan massé, le logis occupe le RDC et le haut surcroît sert de grenier : maison (ferme) datée 1742 à Crucuno. L´une des variantes de ce type est le logis de plan massé à étage carré, occupé parfois par une seule chambre et un grenier. Dans ces deux cas il existe souvent un second grenier sous combles ouvert d´une lucarne.Parfois, comme à Lisveur, l´étable surmontée d´un grenier est en retour au nord du logis (fig.28).- Les logis-étables sont de plan allongé avec une ou deux portes (distinction faite ou non de l´entrée des hommes et des animaux). Comme pour le type précédent ils sont soit à haut surcroît exclusivement réservé au grenier, soit à étage carré, avec chambre et grenier sous comble.Une variante fréquemment rencontrée consiste en la combinaison d´un logis-étable et grange-remise sous le même toit, sorte de ferme tout en un. Comme au Léry (fig.8), la grange peut être ouverte en pignon, ou encore, comme au Botlan (fig.7), la porte charretière est en façade principale.La plus part des fermes présentent un appentis postérieur : étable, remise ou techtal pour la préparation de la nourriture des porcs.3 - Les maisons du bourg adoptent les plans traditionnels de maisons urbaines, de plan massé ou allongé à étage et le plus souvent construites à l´alignement de la voie. Cependant il existe des maisons plus modestes à RDC sous comble. Au centre bourg et le long des principales rues plusieurs maisons sont dotées de boutiques parfois couplées avec un café.Quelques maisons de notables du 19e siècle sont doubles en profondeur et coiffées d´une toiture à croupe : 4 rue le Barth, 8 rue Nationale, 25 rue Nationale (toit brisé).ELEVATIONSRares sont les fermes antérieures à la seconde moitié du 19e siècle présentant un étage. La hauteur des combles à surcroît varie suivant l'époque et la taille de la ferme (fig.33, Kerzenan). Ces greniers en surcroît au-dessus des logis étables étaient généralement accessibles par une porte haute distribuée par un escalier extérieur.L´augmentation des volumes de stockage dans la période suivante a souvent engendré une élévation à trois niveaux : RDC, étage carré ou haut surcroît, niveau d´un deuxième grenier sous comble.La plus part des façades des logis-étables, même si elles montrent une certaine dissymétrie apparente, présentent au moins une travée d´élévation. L´ordonnancement s´affirme au 18e siècle. On retiendra à cet effet l´exemple du logis-étable de Kerbihouarde daté 1752, ou le logis neuf d´une ferme daté 1819 à Kervarc´h.Dans la seconde moitié du 19e siècle se généralisent les façades de type ternaire, pour les logis, généralement avec une seule lucarne et variantes diverses : Kerjean (fig.18), le Triono (fig.32).ORNEMENTATIONL´ornementation des façades est modeste voire inexistante, qu´il s´agisse des fermes ou des maisons du bourg. Lorsqu´elle existe elle se manifeste sur les ouvertures : linteaux et piédroits moulurés en particulier au 17e siècle (fig. 4, 5, 14 et 16), ou encore sous la forme de crossettes ou de masques sculptés au départ des rampants des pignons (fig.20). Les puits sont souvent ornés de tels masques (19e siècle). Sur les fermes, les remarquables souches de cheminées en pierre de taille, ornées de corniches moulurées, accompagnent les transformations ou constructions neuves de la seconde moitié du 19e siècle.On notera quelques sculptures en haut-relief et en remplois sur des façades à Keroret (personnage habillé d´une culotte bouffante), à Kerdelam, à Kerdavid. Egalement le blason de Keravéon sur la façade (remaniée) de l´ancienne métairie noble de Keroret. D´autres écus, pas toujours identifiés, existent sur les maisons des meuniers du Narbon et de Kerchat. Un rare cadran solaire sculpté en bas-relief sur une pierre de granite est intégré à la façade d´une ferme de Kerouriec.Quand aux calices, fréquemment rencontrés sur les façades des fermes ou maisons rurales, ils indiquent la fonction ecclésiastique du propriétaire, qui n´est pas toujours, loin s´en faut, le résident habituel du logis.TOITURESQuelques maisons au bourg, au caractère urbain prononcé présentent des toitures à croupes.Mais les toitures de longs pans à pignons découverts sont une constante sur tout le territoire jusqu´aux années 1910-1920. La pente du toit n´est jamais retroussée par des coyaux. Les charpentes (observées notamment lors de l´enquête de 1976) sont simples à arbalétriers croisés et entraits retroussés sans poinçons. Elles ont souvent été modifiées et renforcées lors du remplacement du chaume par l´ardoise.LES DEPENDANCESLes dépendances isolées des logis-étables sont nombreuses et variées. Avec les fermes, elles composent l´organisation spatiale des hameaux de la commune.Les granges-charretteries sont généralement ouvertes en pignon, avec parfois porte haute décalée au-dessus de la porte charretière (Lisveur fig.27). Plus rarement elles sont aussi ouvertes sur le gouttereau (Kerzerho). Quelques unes présentent une grande porte à linteau droit, en granite ou en bois (le Lisse, fig. 26). A noter une très belle grange datée 1926, sur poteaux bois montant de fond, à Kerhiennic.Il existe également de nombreux fournils (certains ont fonctionnés jusqu´au début des années 1950). Souvent ils sont associés sous le même toit à une charretterie ou remise, et sont surmontés d´un grenier. Au hameau de Penhouët (fig.29 et 30), la grange-fournil de plan allongé présente une porte (bouchée) à l´est, le four contre le mur ouest, la porte charretière en pignon nord et la porte haute du grenier avec escalier extérieur maçonné contre le pignon sud. Il existe plusieurs variantes combinant escaliers extérieurs, remise et grenier, avec ou sans porte charretière. Celle du Botlan datant du 17e siècle, conserve également des étagères murales surmontées d´un petit oculus laissant penser à la présence d´un poulailler avec niches à poules et accès réservé aux volatiles. Quelques celliers ont également été observés, toujours surmontés de greniers (Kerjosselin, Lisveur).On reconnaîtra également quelques soues à porcs isolées mais toujours très proches du logis de la ferme. Toutefois, elles sont généralement adossées contre la façade sud de la ferme.Il n'existe pas de logis non remanié antérieur au 17e siècle. Cependant plusieurs fermes conservent des éléments (portes, fenêtres, cheminées) remontant au 16e siècle : porte avec date 1581et soubassement en grand appareil à Kerdelam, fenêtre ornée de réglets entrecroisés début 16e siècle, à Kergouët (fig. 6).Comme le confirme l'étude comparative des cadastres anciens et de l'actuel, ainsi que les dates relevées sur les façades, la majorité des fermes a été remaniée ou reconstruite dans la seconde moitié du 19e siècle. La liste des chronogrammes relevés sur les maisons, les fermes et leurs dépendances (granges, fournils, étables, puits), révèle une forte proportion de constructions (ou modifications pour les fermes) au 19e siècle et en particulier dans la seconde moitié du siècle : 33 % des 72 dates relevées sur les logis ou leurs dépendances (de 1581 à 1943), appartiennent à la période 1850-1899. C'est l'époque du renouveau agricole, qui connaîtra son apogée avant la Grande Guerre.Quelques fermes présentent également des logis contemporains de la première moitié du 20e siècle : Kervazic ouest (1905), Kerouriec (vers 1930), au bourg, impasse donnant rue de l'Océan (1933).Au bourg les logis antérieurs au 19e siècle sont quasiment inexistants. On notera le n° 2 rue de l'Océan, maison à pignon sur rue, qui conserve une implantation ancienne, mais dont les ouvertures, y compris celles portant la date 1697 et une inscription, sont des remplois.Ici également on observe un renouveau du parc de logements à compter de la seconde moitié du 19e siècle, jusqu'à nos jours.
Auteur(s) du descriptif : Herbaut Claudie ; Berthou Marie ; Toscer Catherine ; Pierre L. et M.
Par : L'inventaire du patrimoine