Ecart du Fret (Crozon)
Malgré sa modestie, l´écart du Fret comprend trois zones bien distinctes (document 2) : un front portuaire, un front de mer résidentiel au nord-ouest et le sillon de galets au sud-est, sur lequel étaient installés plusieurs chantiers navals.L´écart du Fret est situé sur le littoral nord de la commune de Crozon. C´est en fait un petit port implanté au fond d´une anse aux eaux profondes (l'anse du Fret), abritée à l´ouest par l´Île Longue et largement ouverte sur la partie méridionale de la rade de Brest. Le site est constitué d´une lagune barrée par un cordon de galets située en arrière d´un pointement rocheux sur lequel s´est établi le port.Dans la première moitié du 19e siècle, le lieu ne compte qu´une dizaine d´habitations. La population se concentre dans le petit hameau rural de Kervéden, au-dessus du Fret. Lors du recensement de 1926, Le Fret a 148 habitants. Les hommes sont pêcheurs ou commerçants. En 1954, sa population atteint 184 personnes et les actifs travaillent alors essentiellement dans le commerce et à l´arsenal de Brest. Aujourd´hui, la population du Fret peut être estimée à une centaine d´habitants. Le site portuaire n´a pratiquement plus d´activité et n´est faiblement animé que durant la belle saison, au moment de l´arrivée du bateau assurant la liaison quotidienne avec Brest.Depuis la fin du 18e siècle (date de création du port militaire de Brest), Le Fret est totalement dans l´orbite du grand port militaire du Ponant qui s´y approvisionne en farine et en chaux (gisements affleurants de calcaire aux alentours). En retour, il expédie les marchandises indispensables aux habitants de la presqu´île (bois, charbon...).A partir du milieu du 19e siècle et jusqu´au milieu du 20e siècle, Le Fret devient un port à part entière et non plus un simple lieu de transbordement, comme c´était le cas jusque-là, car l´économie de la presqu´île s´est développée et diversifiée. Le Fret assure alors pendant un siècle (1850-1950) une triple fonction portuaire de cabotage, de pêche et de transport de passagers.Port de cabotage : le Fret reçoit des blés importés de Brest et réexpédiés sous forme de farine après transformation des grains par les moulins des alentours (moulins à vent principalement et moulin à marée du Fret). Le Fret continue à importer des produits pour la consommation des habitants de la presqu´île (bois, houille, alcool, sel...). En retour, sont exportés des grains, des pommes de terre et du poisson. Port de pêche : la pêche de la sardine et la drague des huîtres dans la rade prennent à cette époque une place prépondérante dans l´activité du port.Port de transport de passagers : au Fret, les touristes débarquent de plus en plus nombreux. Ils arrivent de Brest et se dirigent vers Morgat et secondairement Camaret. Débarquent également des militaires (personnel des forts et batteries) et des maçons, pour la construction des infrastructures militaires et portuaires qui se multiplient.Dans la seconde moitié du siècle, pour faire face au trafic, des lignes régulières de vapeurs relient Brest au Fret. C´est à cette époque qu´une cale, des quais et un môle sont réalisés. Au début 20e siècle, le port connaît son apogée. Les pêcheurs locaux se lancent dans des pêches plus rémunératrices : celle de la langouste et de la coquille Saint-Jacques. Le Fret devient aussi un port de construction navale réputé : quatre chantiers sont en activité localement et se spécialisent dans la construction de langoustiers et de coquilliers (à mettre également en relation avec l´essor de la pêche à Camaret).Enfin, l´intérêt économique du port de transbordement du Fret pour la presqu´île est affirmé en 1923 avec l´arrivée du chemin de fer sur les quais (ligne de Châteaulin-Camaret), pour assurer les exportations de la production agricole (grains, pommes de terre), de la pêche et surtout pour faciliter les communications lors de la période estivale.Aujourd´hui, Le Fret est endormi et le site ne connaît qu´un léger regain d´activité lors de la saison touristique. Les difficultés d'accostage à marée basse de vives eaux limitent le développement du trafic de passagers. Pourtant, sur le plan patrimonial, cet écart présente un intérêt notable car une partie des héritages de son histoire maritime est encore visible et, dans l´ensemble, ceux-ci sont peu remaniés (gare, villas, hôtels, infrastructures portuaires, digue et écluse de l´ancien moulin à marée). D´autres héritages sont en sursis, comme les cabanes du dernier chantier naval en place (chantier Stipon) et le cimetière de bateaux du sillon.
Auteur(s) du descriptif : Amghar Julien ; Péron Françoise
Par : L'inventaire du patrimoine