Chapelle du petit séminaire actuellement Théâtre d
Édifice cultuel catholique à plan à déambulatoire et chapelles rayonnantes conçu par l’architecte Henri Mellet dans un style néo-roman. La chapelle du petit séminaire se compose de trois travées voûtées en coupoles porté par des arcs-doubleaux (la troisième travée est accompagnée de deux bras de croix) et terminée par une abside polygonale flanquée elle-même de cinq absidioles. En plus du maître-autel situé dans l’abside, la chapelle était dotée de cinq autels permettant de célébrer simultanément plusieurs messes. Le maître-autel, remarquable, était en pierre calcaire encadré de mosaïques d’émaux à fonds d’or représentant la vigne et le blé entrelacés. Les vitraux étaient de Félix Gaudin, peintre-verrier et mosaïste français (1851-1930).Outre le volume important de la chapelle et de son clocher, on est frappé par le jeu polychromique entre maçonnerie de moellons de schiste sombre (en remplissage) et pierres de taille de granite (utilisées pour l’entourage des ouvertures, les chainages et les contreforts). Les baies géminées en arc plein cintre haut placées permettaient de baigner de lumière l’intérieur de la nef (les verrières sont aujourd’hui masquées). Les arcs voient de plus l’alternance entre granite rose (voire orangé) et granite gris. Le porche sud de la chapelle de style néo-roman en est le parfait exemple. Ce jeu de couleur est encore souligné par la présence d’un bandeau de pierre rose et d’un appareillage polygonal de couleur rose-orangé en partie haute de l’édifice. Les pignons sommées d’une croix pattée voient des croix et bandeaux de pierre rose, intégrés dans la maçonnerie de schiste. Sous l’égout du toit, la corniche à modillon participe de donner profondeur et hauteur au bâtiment.Du côté de la cour centrale à l’ouest, la façade de la chapelle est séparée de la nef par un grand corridor au rez-de-chaussée et au premier étage. La "librairie scolaire" était implantée au premier étage et éclairée par les cinq baies situés au-dessus du porche ouest. Au deuxième étage, il n’y avait pas de corridor : la librairie était éclairée depuis l’ouest par la grande verrière ; à l’est, elle donnait sur la nef de la chapelle occupée par un grand orgue. Le décor intérieur de la chapelle comprend à la fois les voûtes en arc plein cintre de l’abside et des absidioles, la coupole, les petits arcs en plein cintre et les colonnes et chapiteaux sculptés. Les voûtes sont en briques creuses enduites en plâtre avec décor en faux appareil à joint rouge (ou blanc) imitant tantôt des assises de moellons équarris de schiste, des pierres blanches ou figurant un bandeau ocre rappelant le granite rose. Certaines maçonneries sont enduites en mortier de chaux et de sable imitant des pierres de taille de granite. Les chapiteaux sculptés sont historiés, c’est-à-dire gravés en bas-relief avec des ornements qui se rapportent à la Bible. A l’intérieur de la chapelle, la porte ouest comporte également un tympan historié (en partie masqué par les fauteuils des spectateurs du Théâtre de l’Arche).Sur les murs de la nef se trouve le chemin de croix en tuffeau de Louis Savary daté 1896. Huit stations du chemin de croix sont reconnaissables : Jésus rencontre les femmes de Jérusalem qui pleurent, Jésus s’écroule sous le poids de la croix, Simon de Cyrène (réquisitionné par les soldats romains) aide Jésus à porter sa croix, sainte Véronique essuie le visage de Jésus, Jésus s’écroule sous le poids de la croix, Jésus rencontre sa mère, Jésus est dépouillé de ses vêtements et Jésus est cloué sur la croix.La chapelle était complétée par le mobilier de Le Merrer dessiné par Henri Mellet comprenant notamment un trône épiscopal, 24 stalles sculptées (les bancs, retaillés, ont été transférés à l’Institution Saint-Joseph courant 1906) et une chaire à prêcher.La chapelle du petit séminaire de Tréguier a été conçue en 1892 par l’architecte rennais Henri Mellet (1852-1926) à la demande du chanoine Duchêne, supérieur de l’établissement. Cet édifice remplace la chapelle du séminaire construite vers 1662-1664. Le plan de la chapelle, à abside polygonale, répond au besoin du personnel ecclésiastique : huit autels permettent à la vingtaine de prêtres enseignants de dire leurs messes quasi simultanément le matin. Sa superficie totale avoisine les 800 mètres carrés.Les cloches de la nouvelle chapelle ont été baptisées en 1892 (voir en annexe le texte intitulé : "Les cloches de la chapelle petit séminaire"). La chapelle est datée 1895 (façade ouest). Elle a été bénie le 23 octobre 1896 par monseigneur Fallières, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier de 1889 à 1906. La chapelle a été construite par l’entrepreneur Guillaume Le Collen de Tréguier pour un coût d’environ 120 000 francs (les honoraires de l’architecte se monte généralement à 5% du montant des travaux). Les orgues sont du facteur Didier de Nancy, les verrières de Félix Gaudin, peintre-verrier et mosaïste français, le chemin de croix de Savary (daté 1896) et le mobilier de Le Merrer (un trône épiscopal et 24 stalles sculptées). Pour honorer son donateur primitif, l’archidiacre Le Provost fait procéder à la translation des reliques du chanoine Michel Thépaut, seigneur de Rumelin dans la nouvelle chapelle le 26 octobre 1897. La chapelle est finalement consacrée le 21 juin 1899. La chapelle du petit séminaire de Tréguier peut être comparée à d’autres productions d’Henri Mellet : l’église de Melesse (1885-1890), l’église d’Izé (1889-1896) ou encore l’église Notre-Dame de Bonabry à Fougères (commencée en 1896).Le 29 mars 1902, la nouvelle chapelle a les honneurs de la presse spécialisée nationale, à savoir un article rédigé par Louis-Charles Boisleau dans la revue L’Architecture : "…j’avais été frappé du bon aspect des rotondes absidiales de la chapelle, au-dessus du mur de soutènement des cours. […] …une façade latérale apparaissait, dessinée dans un si bon caractère, que je crus un instant à une restauration plutôt qu’à une construction neuve ; on devinait, dans le haut, au-delà des faitages des bâtiments accotés à la chapelle, une silhouette heureuse, couronnant un pignon. […] Combien c’était mieux que ces églises neuves rencontrées dans les gros bourgs de ce coin de la Bretagne, de ces bâtisses prétentieuses, à clochers carrés, la plupart mal étudiées, banales à l’excès, en tout cas si manifestement inférieures aux veilles et pauvres églises d’autrefois !".
Auteur(s) du descriptif : Lécuillier Guillaume
Par : L'inventaire du patrimoine